« Des anges et des chiens » Heidi Julavits

En 1934, pendant la grande dépression économique qui touche les Etats-Unis, Bena Jonssen s’installe avec son mari médecin et son nouveau né à Pueblo une ville inhospitalière du Colorado balayée par des tempêtes de sable. Bena est préoccupée par l’état de son enfant qui est toujours léthargique et son mariage qui bat de l’aile.

Pour trouver sa place dans cette ville, où les habitants sont aussi accueillants que le climat, elle va trouver un poste de journaliste. Bena va observer les habitants riches ainsi que la détresse d’une prostituée enceinte et un cow-boy rustre. Leur histoire va lui faire découvrir les secrets malsains de cette ville et prendre conscience de sa propre vie.

Bena apparaît comme une femme lisse qui n’a jamais parlé d’elle, avec un mari qui ne souhaite pas la connaître, le mariage qui devrait être une union, une communion avec l’autre est privé de communication. Cette façade nette cache un chaos intime, où le bonheur est impossible. Roman de la fuite de ce couple, comme celle de Bonnie et Clyde, que l’on croise dans le livre, qui ne se terminera guère mieux.

Ce roman nous révèle une fresque sociale au bord du gouffre dans ces personnages arides comme le décor qui dépeint bien cette Amérique en pleine crise, en décadence et en décrépitude. L’auteur n’essaie pas de nous séduire, c’est un roman dur avec une atmosphère chaude, poussiéreuse et étouffante qui ne fait pas que partie de l’histoire mais aussi de la lecture. Pour un peu du sable tomberait du livre pendant qu’on le lit. Un livre de qualité sur la fuite de soi mais à lire si l’on a le moral bien accroché sinon à fuir.