« Voyageur malgré lui » Minh Tran Huy

La narratrice, Line, visite une exposition à New-York et est interpellé par le titre d’une installation Homage to Albert Dadas. Elle découvre que ce dernier ouvrier gazier à la fin du XIXéme siècle souffrait de dromomanie. C’est à dire de la folie du fugueur, il partait à travers le monde en marchant dans un état second sans en avoir conscience. Il voyageait sous une forme d’errance, sans papiers et était amnésique à chacun de ses retours. 

Le sujet l’interpellant Line va lire les écrits de Philippe Tissié interne en psychiatrie qui a étudié son cas. 

Par son intermédiaire Minh Tran Huy va refaire vivre les destins des vietnamiens anéantis par les guerres et l’exile. 

Line va ainsi revenir sur l’histoire de sa famille, douloureuse et cachée : celle de son père né pendant la guerre d’Indochine, de ses oncles et cousins, leur recherche de l’excellence pour avoir un avenir meilleur; de toutes ces personnes obligées de fuir leur pays, de voyager malgré eux. Et qui recherche leur place dans le monde, leur identité. 

Minh Tran Huy nous raconte dans ce roman avec pudeur des tranches d’histoires familiales, sans doute pas très éloigné de la vérité. Fiction et autobiographie doivent se retrouver. 

L’histoire d’Albert Dadas est véridique, et la thèse de Philippe Tissé existe. Il en est de même pour l’histoire de la coureuse éthiopienne Samia Ysuf Omar qui a perdu la vie en pleine mer sur un bateau de réfugiés. 

Même s’il y a des maladresses dans l’écriture et la forme, ce roman est extrêmement sensible et touchant, avec des passages poignants et un beau témoignage d’amour pour ce père. Minh Tran Huy écrit un joli roman sur l’exil et la quête de soi, où que l’on soit.