"Le livre des brèves amours éternelles" Andreï Makine

Andreï Makine raconte l'éveil à l'amour d'un jeune orphelin sous le régime soviétique jusqu'à la chute du mur de Berlin. 

Chaque chapitre présente une histoire d'amour, le regard de l'enfant sur cette femme qui pleure un amour mort à la guerre sur une tribune enneigée, cet homme défiguré par un éclat d'obus qui n'aura vécu qu'un minuscule instant de bonheur par procuration, ces amours de vacances au bord de la mer, cet amour rêvé sous les pommiers en fleurs… Mais ces amours éternelles sont aussi une critique du communisme et de ses idéaux jamais atteints, sur cette société soviétique qui empêche l'individu de se développer comme cette magnifique pommeraie en fleurs qui ne donnera jamais aucun fruit. Makine nous parle de ce désenchantement mais avec aucune haine contre son pays. Mais simplement de ses brèves amours éternelles qui lui ont appris la vie et apporté de la joie. Et toujours avec cette superbe écriture délicate et poétique. 

Par contre il faut absolument lire "Le testament français" et après "La musique d'une vie".  

"Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes. des plaisirs qui ne s'usent pas, des attachements persistants, des caresses à la vitalité des lianes : l'arbre meurt mais leurs entrelacs continuent à verdoyer. Cette obsession de la durée nous fait manquer tant de paradis fugaces, les seuls que nous puissions approcher au cours de notre fulgurants trajet de mortels."

"Les papillons de nuit se jetaient sur toute source de lumière, se cognaient, se brûlaient, tombaient épuisés, reprenaient leurs forces, se précipitaient de nouveau vers l'incandescence. Devant l'absurdité de leur entêtement, il fallait imaginer un éros sublime dont l'intensité rendait dérisoire le risque de mourir."