« Daniel Stein, interprète » Ludmila Oulitskaïa

Ludmila Oulitskaïa écrit un livre se situant entre le roman et la biographie, riche et foisonnant, qui tient de la fiction, de l’histoire réelle pour certains personnages et aussi de l’histoire de l’humanité. Il se déroule sous une forme épistolaire avec des échanges de lettres, mais aussi des documents officiels, des articles de journaux, des conversations enregistrées, des témoignages, des extraits de journaux intimes. Il est vrai que ce roman extrêmement riche est difficile au début avec la multitude de personnages mais l’auteur a une écriture brillante, où tout est décrit avec grand soin et précision, qui fait de cette histoire un roman captivant. 

Le personnage principal qui porte tout le livre est Daniel Stein, un juif de Pologne qui va fuir son pays pour échapper à la guerre. Pourchassé par les nazis il va traverser l’Europe centrale pendant le conflit, travailler dans la police, puis pour la Gestapo, réussir à sauver des juifs de la mort, pour finir prête chrétien en Israël. Il y a aussi toute une série de personnages annexes qui sont simplement reliés les uns aux autres par le fait d’avoir un jour croisés sur leur route Daniel Stein. 

Ludmila Oulitskaïa fait une critique de la guerre avec ses horreurs, du fanatisme, de la xénophobie. Mais elle nous décrit aussi les fondements de notre civilisation judo-chrétienne en étudiant les religions juives, catholiques, orthodoxes (avec des S car toutes ne sont pas uniques et unies mais plusieurs et divisées). 

Elle écrit un roman où la fiction et la réalité se mêlent et s’enrichissent pour former une fresque poignante qui peut que nous rendre meilleurs et ouverts aux autres, qui nous offre la liberté et nous détourne du mal. 

« Ce en quoi l’on croit n’a absolument aucune importance ; ce qui compte, c’est uniquement la façon dont on se conduit. »