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BUH by PTIT SUSHI
19 novembre 2011

" La Vie d'Arséniev " Ivan Bounine

9782253083986

Par l'intermédiaire de son héros, le jeune Arséniev, Ivan Bounine raconte sa propre jeunesse à la campagne dans les steppes russes.
La famille d'Arséniev appartient à la noblesse terrienne de la Russie impériale qui va bientôt disparaitre. Un domaine immense, la nature, les animaux, une mère douce, un père qui dilapide la fortune familiale mais aimé de tous, des frères et des soeurs, voilà le cadre de vie du jeune Arséniev. On découvre son enfance et sa jeunesse solitaire et heureuse, sa sensibilité pour la lecture et l'écriture.
Bounine construit son récit avec de courts chapitres, qui sont de superbes tableaux sur la vie russe, la campagne avec les travaux des champs, les saisons et une nature omni présente.
L'écriture de Bounine est humaniste, à la fois simple et complexe, poétique, sensuelle et chaleureuse mais aussi empreinte d'une grande mélancolie et de mysticisme religieux. L'âme slave… 
"La vie d'Arséniev" est un magnifique roman russe, que Bounine a écrit en exil en France, à Grasse. Il est d'ailleurs le seul écrivain russe à avoir reçu le prix Nobel de littérature. Un livre à lire absolument pour découvrir l'auteur, son écriture, sa poésie, son amour de la nature, et aussi pour sa grande part autobiographique. 

"Je me rappelle une fois : le soleil, de plus en plus brûlant, chauffait l'herbe et l'auge en pierre de la cour, l'atmosphère s'alourdissait et se voilait, les nuages s'amoncelaient plus lentement, s'épaississaient, quand enfin ils furent secoués d'une vive lueur cramoisie, ils commencèrent à gronder quelque part là-haut, du fond de leurs cavernes sonores, puis se mirent à tonner, à répercuter les échos de leurs puissants roulements, et à exploser en violentes déflagrations, de plus en plus fracassantes, majestueuses, grandioses…"

"Pourquoi dès l'enfance l'homme est-il attiré par le lointain, l'espace, la profondeur, la hauteur, l'inconnu, le danger, partout où l'on peut donner l'élan de sa vie, jusqu'à la perdre pour quelque chose ou quelqu'un?"

"Le champ répandait mollement sa touffeur sèche, le bois lumineux palpitait, ruisselait, on percevait sa rumeur somnolente qui semblait fuir quelque part. Ce bruit parfois se renforçait, s'intensifiait, et alors l'ombre à résilles se bigarrait, remuait, des taches de soleil explosaient, étincelaient sur le sol et dans les arbres dont les branches pliaient et s'ouvraient à la clarté, dévoilant le ciel…"

"Comment se fait-il que l'âme russe trouve tant de charme et de jouissance dans l'abandon, la solitude, le déclin?"

"Peut-être est-ce vrai que tout est absurde, mais cet absurde c'est ma vie à moi, et d'où me vient le sentiment que la vie m'a été donnée pour bien autre chose que des blagues, et sûrement pas pour que tout passe et disparaisse sans laisser de trace?"

"Dans toute convalescence, on se réveille un beau matin en parfait accord avec les banals faits et gestes quotidiens qui accompagnent toujours la bonne santé; on sent qu'on est revenu à l'état habituel, un peu différent toutefois, enrichi d'une nouvelle expérience, d'une nouvelle sagesse."

"Je pressentais enfin, sous-jacent à la vie, quelque chose qui semblait contenir l'essence de cette vie, sa signification et sa finalité, quelque chose d'important que l'on ne pouvait ni saisir ni exprimer, objet d'une attente perpétuelle : l'attente du bonheur, certes, et sa plénitude particulière, mais plus profondément encore l'attente de ce qui pourrait nous révéler soudain (quand l'heure serait venue) cette essence, cette signification."

"Je ne savait pas encore que cette rapidité, cet évanouissement du temps annonçaient le début de ce que l'on appelle amour, début qui s'accompagne toujours d'une inepte allégresse, semblable à une ivresse éthérée…"

"Tout file à vive allure, et en même temps tout semble frappé d'immobilité, figé dans l'expectative; immobiles, les écailles de la croût neigeuse s'argentent au loin dans la clarté lunaire; immobile, la lune basse blanchit, embrumée de gel, auréolée d'un grand anneau irisé et voilé, mystiquement mélancolique; et moi je me sens doublement captif de cette course et de cette immobilité, abandonné à l'engourdissement de l'attente."

"Je découvris cet hiver-là "l'éternel fossé qui sépare le rêve de la réalité", je découvris l'éternel leurre de l'amour absolu, et ce fut une révélation violente, comme le choc d'une terrible injustice."

"Je bondis enfin dans la rue, avec une sensation de solitude mortelle qui frôlait l'extase."

"Derrière les vitres, la nuit bleuissait, menaçante, les étoiles étincelaient dans les branches des arbres du jardin…"

"La soirée glaciale se remplit des sonorités de son vieil instrument, et la mélopée romantique qui s'en échappe, lointaine, étrangère, ancienne, laboure l'âme de rêves et de regrets…"

"Des milliers d'abeilles rouges s'envolaient au loin, voltigeaient, la froidure de l'hiver sentait l'encens et le bois que brûlait la locomotives… Quelle était belle cette nuit au coeur de la forêt, nuit ténébreuse, austère, majestueuse! Les fantômes sombres des grands pins séculaires se pressaient en rangs serrés et somnolents le long de la voie étroite qui s'enfonçait sans fin dans la trouée des bois."

"La vie doit être un ravissement"

"Je n'arrive pas à tuer cet amour en moi."

 

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