« Golden Gate » Vikram Seth
Ce roman se déroule dans le San Francisco des années quatre-vingt et met en scène des personnages à la recherche de l’amour : un cadre de Silicon Valley, une artiste, une avocate… mais aussi des chats, un iguane. Tout ce beau monde est en proie à ses émotions et ses sentiments : carrières, amitiés, amours, ruptures dans un débat anti-nucléaire.
« Golden Gate » est un roman qui nous immerge dans son histoire avec des personnages attachants qui nous ressemblent par leurs qualités et leurs défauts. Nous sommes vraiment enrôlés dans le tourbillon de cette ode.
Mais ce roman est presque unique par son écriture qui peut dérouter mais qui séduit de suite. En effet Vikram Seth a écrit son roman sous forme de sonnets, ce qui se traduit par des paragraphes de quatorze vers en alexandrins. Ce livre est donc rempli d’une musicalité et d’une légèreté étonnante. L’auteur a voulu rendre hommage à Pouchkine qui avait célébré Saint-Pétersbourg avec son roman en vers « Eugène Onéguine ». Pour lui ce sera San Francisco une ville où il a fait ses études. Autre trait amusant dans l’écriture est que Vikram Seth n’est pas simplement le narrateur de l’histoire mais il parle directement à son lecteur.
Une lecture vraiment agréable. A noter que ce roman a été écrit et publié en 1986, et que la traduction et la publication française date de cette année seulement.
Phil s’exprime avec fougue et ses yeux sont brillants.
Ed pense à la première fois qu’ils se sont vus.
Le temps a déformé les rails si rassurants
Qu’il avait cru voir s’étendre
à perte de vue.
Il s’agit d’autre chose, à chaque retrouvaille,
Pas seulement son cœur qui d’un coup tressaille
Pas seulement l’afflux de sang à son visage
Ou cette sensation d’échapper au naufrage
Quand il sent se poser sur lui les yeux de Phil,
Mais quelque chose d’infini et de serein
Et qui
telle une marée l’emporte très loin.
C’est le sel de l’amour humain qu’un cœur docile
A répandu à la surface de son être -
Et qui va l’apaiser, ou le ronger, peut-être.
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Toute passion ne peut que mener au désastre.
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Nous avons pu constater que l’euphorie,
Comme le traumatisme, est une catalyse
Qui nous pousse à agir, là où l’ergoterie
Nous maintient immobile et souvent nous enlise
(Le fait est que parfois nous traversons le bonheur
Dès lors que nous avons su balayer nos peurs)
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Comprenant mais trop tard à quel point il l’aimait,
Il senti tout son être et trembler et
se tordre,
Son esprit bascula dans le plus grand désordre,
Il comprit qu’il n’aurait plus jamais désormais
La force de survivre, et que son existence
Avait perdu sa raison d’être et tout son sens.